Alerte Nature #2 – Living Land

Living_land

L’information ne m’arrive que tardivement, je m’attelle donc à vite vous présenter la nouvelle issue de l’ ”Alerte Nature”. Car cette fois-ci, il s’agit d’une véritable opportunité, l’occasion de faire trembler les systèmes actuels.

Une consultation populaire européenne a été lancée par la Commission concernant ni plus ni moins l’avenir de notre système agricole.

Mais rappelons de quoi il est question. Actuellement, l’agriculture européenne est subventionnée par le biais de la Politique Agricole Commune (PAC). La PAC représente un budget annuel de 58 milliards d’euros, près de la moitié du budget européen. Une somme conséquente qui alimente un système agricole qui ne devait remplir qu’une fonction : produire.

Mais la médaille a un revers. Si cette vision se justifiait au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, elle pose aujourd’hui de nombreuses questions. Ce modèle agricole industriel est à la source d’externalités négatives importantes vis-à-vis de l’environnement, touchant à la fois la biodiversité, la qualité de l’air et de l’eau ainsi que la santé de nos sols. Sans oublier le climat. Notre modèle agricole européen s’est construit et développé et s’isolant des contraintes environnementales. Or, les prises de conscience concernant l’usage des biocides et intrants de synthèse, qui plus est sous la contrainte des changements climatiques, ont mis en évidence que notre modèle est peu durable et obsolète. Et pour se passer de ces divers intrants de synthèse, l’agriculture doit ré-admettre et retrouver son lien avec l’écosystème duquel elle n’a jamais cessé de faire partie, mais n’a cessé d’altérer.

Le temps est donc venu de changer notre approche concernant l’agriculture: nous avons besoin de nouveaux modèles qui puissent s’inscrire dans une préservation à long terme de notre accès aux biens fournis par les cultures tout comme dans la préservation de cet environnement dont nous sommes tous dépendants.

Petit à petit, l’agroécologie fait son nid dans les milieux institutionnels, gagnant en crédit auprès des scientifiques. Il ne tient qu’à nous de lui ouvrir la voie pour qu’elle puisse, demain, devenir notre nouveau modèle agricole.

Ouverte à tous, cette mobilisation citoyenne est essentielle pour faire bouger les choses. Pour agir, deux approches s’offrent à vous. Vous pouvez signer la charte de Living Land ou bien celle des associations participantes. Ou bien, vous pouvez parcourir l’ensemble de la consultation et y insérer les recommandations fournies par certaines associations (Natagora en Belgique, la LPO en France). Cette seconde voie vous permet de mieux comprendre les positions tenues par les associations regroupées sous la bannière de « Living Land« .

Ensemble, agissons pour dessiner les paysages et nos assiettes de demain !

Liens:

– Le site de Living Land  : https://www.living-land.org/actnow/#iframe

– Les recommandation détaillées de Natagora : http://www.natagora.be/fileadmin/Natagora/PolitiqueGenerale/Politique_Agricole_Commune/LivinLang_ConsultationPAC_ReponsesRecommandees.pdf

– Les recommandations détaillées de la LPO : https://www.lpo.fr/actualites/appel-a-mobilisation-avant-le-2-mai-repondez-a-la-consultation-publique-sur-l-avenir-de-la-pac

Crédit image : pixabay.com

# AlerteNature

Vous avez peut-être aperçu l’appel de plusieurs ONG et autres organismes de protection de l’environnement à propos des mesures européennes. Avec le fameux hashtag « Nature Alert ».

Non?

Alors cet article tombe à pic 😉

Directive Habitats, Directives Oiseaux, Natura 2000, LIFE : les 4 piliers de la protection environnementale en Europe.

La Directive Oiseaux est la législation la plus ancienne – et la première- en terme de protection commune des espèces initiée par l’Europe. C’est en 1979 que les États membres se penchent sur la question et décident de légiférer car les naturalistes sonnent l’alarme : les populations aviaires sont en chute libre.

L’objectif est clair : il faut maintenir les populations d’oiseaux à des niveaux écologiquement durable. Préservation, restauration et surveillance seront les mots clefs. La protection des espèces est renforcée par celle des sites de nidification, qui permet notamment de protéger les espèces migratrices.

Treize ans plus tard, une seconde directive vient épauler les prémisses de la conservation de la nature : la Directive Habitats. Son objectif est de taille : protéger 220 types d’habitats européens d’intérêt et plus de 1000 espèces, animales et végétales, répertoriées dans les fameuses « Annexes ».

De ces deux Directives naîtra la plus gros projet de protection environnemental au monde. Un réseau unique, continental : le réseau Natura 2000.

Natura 2000, le réseau européen de la conservation

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En écologie de la conservation, il y a typiquement deux mouvements : ceux qui prônent le « land sparing » – la mise en réserve conservatoire qui isole de toute activité humaine, par exemple les îles Galapagos – et le « land sharing » où les pratiques de conservation de la nature s’intègrent dans des environnements où les humains sont largement présents, comme les zones agricoles (saviez-vous par exemple que 50% des espèces observables en Europe se retrouvent dans les zones agricoles?).

Le principe du réseau Natura 2000 est de combiner les deux approches. Ce vaste réseau écologique (20% des territoires européens appartiennent au réseau) comprend certes quelques réserves mais se compose principalement d’une série de sites ou d’habitats hébergeant des activités humaines, comme les zones agricoles ou les carrières. Son objectif ? Freiner le déclin de la biodiversité en Europe, sans compromettre la durabilité des activités économiques , ni rompre le lien entre la nature et nous, les citoyens.

Natura 2000 se compose d’une série de sites intégrés pour leur importance vis-à-vis des oiseaux (sites de nidification, passage de migration), ce sont les Zones de Protection Spéciale, auxquelles s’ajoutent les Zones Spéciales de Conservation. Ces dernières sont sélectionnés sur base des Annexes de la Directive Habitat : on y retrouve soit des habitats rares ou d’une grande importance écologique, soit des espèces animales ou végétales de grande valeur communautaire, écologique ou culturelle.

Vous pouvez découvrir ici comment s’est réalisée la sélection des sites Natura 2000 en Wallonie.

L’application et la bonne mise en oeuvre des deux Directives piliers et du réseau Natura 2000 sont, actuellement, nos seuls outils vers la réalisation des objectifs ambitieux de la Stratégie Européenne Biodiversité 2020. Objectifs, qui selon le dernier rapport d’état de la conservation de la nature en Europe, risquent de devoir être reportés (un résumé est disponible).

Les projets LIFE

A tout ceci s’ajoute les projets LIFE, acronyme de « L’Instrument Financier pour l’Environnement.

Ce programme s’articule autour de trois grandes approches :

LIFE

Les LIFE Pays-Tiers permettent le financement de projets de conservation hors frontières européennes.

Les LIFE Environnement touchent plutôt tous les domaines d’activités humaines dont l’amélioration et l’innovation contribuerait à une meilleure conservation de l’environnement.

Enfin, les LIFE Nature financent directement les zones protégées soit par les Directives Habitats et Oiseaux, soit du réseau Natura 2000. Les fonds débloqués permettent d’entreprendre de vastes programme de restauration d’habitats en soutien à un ensemble d’espèces cibles.

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Prairie à bistorte – avec la permission de Marc Dufrêne.

Ces actions de terrain sont très souvent complétées par des programmes de communication et éducatifs.

Voici quelques exemples en Belgique.

Le LIFE Papillons

Trois espèces de papillons inféodées à des milieux en raréfaction/dégradés ont servie d’espèces dites « parapluie ». Entendez par là que les mesures entreprises pour leur conservation et la restauration des habitats où elles vivent bénéficient à de nombreuses autres espèces.

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Image tirée du site de Natagora : http://www.life-papillons.eu/index.php?id=552

-> Plus d’informations : LIFE Papillons

Le LIFE Herbage

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L’objectif ici est de restaurer et mettre en réserve une partie des dernières prairies de grand intérêt biologique en Wallonie : un grand projet pour sauvegarder une biodiversité bien de chez et pourtant si méconnue !

Et pour après ? Les craintes post- « Fitness Check »

Cette année, l’Europe impose, comme à tous ses projets, une évaluation, le « Fitness Check » aux Directives Habitats et Oiseaux. En quoi cela consiste-t-il ? Il s’agit d’évaluer 5 critères majeurs :

1° Les Directives sont-elles efficaces ?

2° Les Directives sont-elles efficientes en terme d’argent injecté par rapport aux résultats ?

3° Les mesures des Directives sont-elles cohérentes ?

4° Les Directives sont-elles pertinentes ?

5° Le travail à l’échelle européenne offre-t-il une plus-value ?

Vous vous doutez bien que cela a fait réagir le monde des écologues (= les scientifiques qui étudient l’écologie), écologistes et autres naturalistes.

Il est certes important d’évaluer de mesures d’une telle ampleur afin de rectifier les tirs pour atteindre les objectifs fixés. C’est notamment le but des divers rapport d’évaluation scientifique (dont le dernier assez peu réjouissant).

Néanmoins, les questions posées par l’Europe dans son Fitness Check interpellent.

La protection environnementale est vouée à la sauvegarde d’un bien commun, pas forcément monétarisable. Définir son efficacité en des termes plutôt économiques inquiètent. Rectifier la pente glissante de la perte en biodiversité n’est pas chose aisée : redresser des populations, restaurer des habitats, cela prend du temps. Les premiers résultats positifs des mesures commencent doucement à se faire sentir, malgré notamment le retard que l’établissement du réseau Natura 2000 avait pris. Trop doucement d’ailleurs que pour que les objectifs de la Stratégie Biodiversité Européenne soient remplis d’ici 2020.

Si l’Europe le décide, sous pression de différents lobbys – car je vous l’assure, cette pression et la tension engendrée sont palpables, j’ai pu m’en rendre compte à la Green Week qui se tenait à Bruxelles en juin-, il y a le risque de voir ce réseau écologique continental démantelé, de voir les fonds attribués aux projets LIFE se réduire à peau de chagrin.

A cela s’ajoute que l’Europe, en agissant de la sorte, perdrait toute crédibilité au plan international en ce qui concerne la lutte contre l’érosion de la biodiversité. Nous avons la chance que le Vieux Continent soit avant-gardiste dans ce combat de longue haleine : baisser les bras ou changer de cap pour répondre à d’autres impératifs (d’ordre économique par exemple…), c’est signer la chute des accords et entreprises visant la sauvegarde de la biodiversité.et les autres mesures climatiques et environnementales. « Soyons le changement que nous voulons voir » est plus que jamais d’actualité : l’Europe est sous le feu des projecteurs, à nous d’ouvrir la voie vers des meilleurs lendemains.

Comment faire ? En participant à la consultation citoyenne.

Plusieurs ONG ont pré-remplis le formulaire de la consultation : en signant, vous apportez votre voix pour soutenir le projet européen de préservation de la nature. Certes, les réponses fournies sont militantistes. Mais rassurez-vous, un comité scientifique a été dressé pour évaluer la question en se basant sur le publications scientifiques parues sur le sujet. De même qu’un grand nombre d’associations et ONG ont été consultées avec lus grand droit de réponse qu’un simple questionnaire.

Vous connaissez un peu les tenants et aboutissants des Directives Habitats et Oiseaux ? Dans ce cas, n’hésitez pas à remplir vous même le formulaire.

Dans 10 jours, la consultation sera clôturée : signez et partagez auprès de vos proches !

Sur cet article, je vous souhaite de bonnes vacances et vous donne rendez-vous début septembre : le blog entre en pause estivale, le temps d’un petit rafraîchissement 😉